je n'accuse pas

Publié le par Anna Stern

le sol gronde. le train jubile. il s'en va. normalement ce sont les humains qui fuient. mais le train n'a aucune pitié. le monsieur court, manque de tribucher, mais le train est déjà bien loin. les humains sont donc si têtus ? poursuivre un train qui s'en va, s'accrocher à un passé qui ne voulait pas de soit. triste fragment de réalité qui me ramène des années auparavant. les années douces maintenant, mais cruelles de ce temps. ils disent que ce n'est qu'une fois loin qu'on se rend compte. pourtant je savais déjà ce que j'allais perdre, cela ne m'a pas empeché de fuir. -è

je m'appelle Tommy, j'utilise un pseudonyme par crainte, par excitation. Qui connaitra mon identité si elle est biaisée ? tout le monde, sauf qu'elle sera tranfigurée. je me transfigure beaucoup ne vous fiez pas aux apparence, je me maquille, je m'habille, je flirt, je mens. je suis l'humain étrange des temps moderne, mais pour le moment je suis simplement Tommy, et c'est à cela qu'on se tiendra pour le moment. -à

mon départ n'est pas du à de la peur, de la lacheté, de l'amour, de la passion, mon départ fut mécanique et sans grand fondement, pourtant, je ne sais comment ; je l'ai choisi. après cette lettre. lettre étrange. les lettres de nos temps sont toujours étranges, mais en soit elle était basée sur de bons et sains sentiments. 

"Tommy, 
Je ne sais comment j'en suis venu à t'écrire, il est tard, il fait chaud, chaleur lourde, coeur étouffant. Je vais bientôt rentré sur Paris, j'aimerais beaucoup te voir, j'ai besoin de te parler de quelque chose. C'est assez délicat mais je sais que toi, tu comprendras. 
Bonne soirée, journée, appelle ce numéro dans 2 jours à partir du 7 janvier, personne ne doit être au courant de ma visite.
Ton bien aimé 
Théo"

j'ai reçu cette lettre le 8 janvier. il ne me restait qu'à appeler le lendemain. j'avais des choses à faire, des taches à réaliser et des gens à aimer. pourtant cela faisait tant de temps que je n'avais pas eu de ces nouvelles que c'est la curiosité qui a guidé mes faits et gestes, coupablement. ma vie, ressemblait à la vie de n'importe qui. une vie sabbatique et mise en attente, attente d'un de ces miracles qu'ils essaient de te vendre. je suis sortie m'acheter une bouteille de rouge, une baguette, et j'ai suivis les dictats, pour me rassurer, pour ne pas quitter ma vie méthologique et creuse. j'ai bu, j'ai relu, j'ai ris, j'ai roulé sur mon lit sans vêtements, j'avais froid, j'ai pensé, j'ai bu, j'ai arreté de penser, je me suis endormie. 
on était le 9 janvier. Théo m'avais dit de l'appeler ce jour là. devais-je m'y tenir ? devais-je obéir ? des flashbacks ont traversé mon petit crâne, j'ai repensé à son sourire, son dos, ses cuisses, la ligne de sa machoire à ses lèvres, ses cils, son nez, j'ai appelé. 
la téléphone à sonné. mon corps vibrait bizarrement. j'ai pensé à la tour de Pise qui pouvait tomber et qui avait couté chere il y a quelques années. j'ai rappelé.
"Allo ?
-Salut Théo c'est moi. Tommy.
-Oh comment vas tu!
-Bien et toi?
-Bien bien... tu me retrouves à Chatelet ?
-je ne te trouverai pas.
-tu m'as oublié ? 
-toujours aussi auto-centré.
-tu es dure.
-je m'en fous.
-parc du luxembourg ?
-d'accord 15H00
-à tout à l'heure
-bisous"
Théo était niçois. j'étais niçoise. c'était un gars de base, skate, mcdo, filles, pétards, rap autothuné français et américain, passioné d'animés. il était bon. j'étais une sorte d'opposé. pourtant on s'est fait croire que ce n'était pas vrai. 
il fallait que je parte. je n'ai pas réussi. j'ai attendu. 14H40. Tommy tu devrais partir. Tommy est restée. il y avait quelque chose de lourd. tout ce temps qui nous séparait, mais si peu d'espace. 
j'ai mis des vans, pris le RER, le métro, marché, pensé, pensé, marché, oublié. -ù

j'étais en retard. je l'ai appelé. le téléphone n'a pas répondu. ça m'a rendu triste de ne pas le voir, puis heureuse. j'ai fais des tours, dans le parc, le froid m'arrachait le visage, j'aurais aimé qu'il en fasse de même pour mes pensées, mais elles restaient accrochées comme du tabac dans la gorges. un sentiment étrange me prit, l'attente, la panique, la colère, la haine. 
j'étais prise au piège, je me sentais compressée dans une marre de remords, nostalgie ou mélancolie, des lames sur les épaules, du sang chauds sur les yeux. j'ai arrêtais d'attendre, je me suis endormie, puis faite réveillée par le froid, puis par la réalité. le parc était vide, il n'y avait pas d'enfants, pas de personnes agées, pas de couples, il n'y avait rien non plus dans mes poches, mise à part un vieil emballage de chewing-gum. ma vision commençait à se dédoubler, le vent à m'ensorceler, les feuilles à s'effacer. j'ai appelé Théo, je n'avais plus de téléphone, alors j'ai crié, mais personne. "Théo c'est Tommy, ton amie, je suis là, fais pas le pd vas-y t'es ou?". 16H49. Théo est parti. il devait me parler, je suis arrivée en retard. "je suis désolée d'être en retard, vas-y THEO !". rares sont les personnes qui répondent aux appels au secours, j'étais consciente d'effrayer, mais il n'y avait personne, alors j'ai pleuré, par desespoir, par mécanisme,  je voulais le trouver, mais il n'était pas là. j'ai marché dans Paris, je l'ai cherché. parfois je l'appelais et ces connards de français me narguaient du regard. 18H14. nouveau message, j'ai retrouvé le téléphone, il était dans ma poche. c'était Théo.
"Théo ?
-Tommy, où es-tu ?
-à Bastille, je t'ai cherché partout, je ne comprend pas.
-tu comprends difficilement les choses
-qu'est ce que t'essaies de me dire là ? tu te fous de ma gueule ? vas te faire foutre, je te déteste, tu n'es rien pour moi, espèce de merde, pauvre con, gros batard, enculé...
-Tommy, arrete avec toute cette haine
-je ne peux plus, elle est en moi
-ce n'est pas à 23 ans que l'on est si aigrie, tu es jolie je te l'ai toujours dis
-ca ne mène à rien ce que tu me dis
-c'est vrai, tu n'en veux pas de mes belles phrases
-non, en effet
-tu veux mon visage contre ta main
-c'est faux
-tu n'as toujours pas accepté 
-de quoi ?
-la vérité, c'est ça quand on est sur son petit nuage, dans sa petite bulle
-arrete où est ce que tu veux en venir ?
-Tommy, je dois vraiment y aller, je ne risque pas de rappeler avant longtemps, je crois que j'ai fais ce que j'avais à faire. demande à Julie où je suis. on se retrouve dans longtemps j'espère. je t'aime."

mes mains sont sèches. le train frène fort. le bitume pue la pisse. mon repas s'échappe de mon oesophage, mélé à de l'acide. mes jambes s'inclinent. 

Théo est mort, Tommy.

 

-10.17
 

young cute boy (TO)

young cute boy (TO)

seconde esquisse - ecarte les cuisses (haine qui subsiste)

 

je sais que je n'ai pas parlé de toi. je ne sais pas si tu le sais. je ne sais pas si tu l'aurais fais. il est vrai que je t'ai beaucoup aimé. il est vrai que tu as compté. 
je suis perdue Theo, je ne comprend pas bien ce qu'il t'est arrivé. j'avoue ne pas vraiment avoir voulu savoir. ne m'en veux pas, tu aurais fais de même, après tout, on était un peu pareils, c'est ce qui nous a unis et détruis. 
il y a les autres, mais il y a toujurs eu toi, le nom que j'attendais sur mon telephone, les photos, les signaux. il y a eu des engueulades, des crises, un investissement émotionnel, une attraction parfaitement mutuelle. 
je ne peux nier tout cela, mais après ta mort, il m'est dur de l'appuyer. 
tu n'as pas pu partir, tu n'as pas pu t'effacer, c'est vrai parfois tu fais partie des personnes a qui je discusse pendant mes moments de rêveries. pourtant, c'est comme si tu étais toujours là, je t'éviterai et te chercherai toujours un peu quelue part dans cette ville, sur cette plage où tu m'as séduite. 

 

12.17

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